Je te donne....

Oui ce sont deux choses différentes. Je serai pour le don d'organes, mais si j'ai bien compris ce qu'explique Coumarine, dans mon cas, à moins de mourir accidentellement, mon don devient hypothétique, et même alors suis je sûre, étant donné mon âge, que mes organes seront encore jugées "transférables". Si je meurs de vieillesse est-ce assimilé à une mort par maladie ?
Donner mon corps à la science, je suis plus réticente. Suis je sûre que ce sera bien utilisé. Sans généraliser, l'affaire récente des foetus dans cet hôpital parisien, me pose quelques questions.
Dans l'un ou l'autre cas, je précise que ce n'est pas ce qui adviendrait de mon corps qui me préoccupe. Quand je mourrai, cette enveloppe charnelle ne représentera plus rien. J'ai horreur des cimetières peut être parce qu'il s'y trouve trop de pierres tombales qui n'ont pour moi aucune signification. Tous ceux qui m'ont quittée sont toujours avec moi, et certainement pas dans ces endroits.

Bonjour Mildred

La mort par vieillesse s'apparente à la mort par maladie en effet
De toutes façons on ne prélève plus d'organes sur une personne une fois 65 ans...

je voudrais en core dire ceci:
quand un enfant meurt suite à un accident, et qu'il se trouve donc en clinique, maintenu en vie artificielle grâce aux machines, si les parents acceptent le prélèvement des organes de leur enfant afin que d'autres enfants puissent vivre...ils quittent donc un enfant certes mort, mais qui respire, et tout chaud
Il semble dormir

Puis les transplantations ont lieu, les organes prélevés
Le corps est rendu à la famille, sur son lit de mort. Je peux vous assurer qu'il est traité avec respect, du moins dans la clinique de ma ville (j'espère que c'est la cas partout)
Personne ne pourrait jamais deviner que le corps a été opéré, et traité

Il est très important pour que les proches puissent fairre leur deuil, qu'ils aient vu le corps MORT de leur proche, sur son lit de mort, sans plus aucune machine autour

j'ai encore deux ans avant ... d'être mise au rebut !!

vite ma carte !!

N'empêche que je trouve que c'est un rejet.. de plus que nous offre l'âge !

et pourtant... mon coeur en vaut bien plus que certains coeurs de moins de soixante ne sachant pas aimer..

Bon je PLAISANTE, ne me criez pas dessus !! mais quand même je RALE ! avec un A accent circonflexe !!

Coumarine a écrit:

(...)
Puis les transplantations ont lieu, les organes prélevés
Le corps est rendu à la famille, sur son lit de mort. Je peux vous assurer qu'il est traité avec respect, du moins dans la clinique de ma ville (j'espère que c'est la cas partout)
Personne ne pourrait jamais deviner que le corps a été opéré, et traité

Personne.... ?
Sauf ceux qui savent....
Car le dépecage du cadavre ne se fait pas comme une opération d'un vivant....
On y va franco.... on n'est précautionneux qu'avec les organes que l'on veut prélever... le reste.... c'est comme on fait avec un lapin quoi...
Et après on remet tout.... sommairement.... n'importe comment... des fois dans un sac plastique pour pas que ça coule.... des fois on remet rien... et on recoud....
et on "rend le corps à la famille"....

évidemment ça va peut etre sauver une vie.... pas toujours... pas pour longtemps...
Arf !! j'ai du mal en vérité....
faut pas cotoyer des chirurgiens.... faut pas leur faire parler en privé de leur "pratique".... surtout quand il "se lachent" un peu....

Alain

c'est sûr que les prélèvements se font...pas comme une opération
puis on recoud

mais les proches voient un corps digne, lavé, qui repose calmement

j'en ai vu bcp tu sais
je sais de quoi je parle

Et les chirurgiens vivent parfois une telle pression dans les salles d'op que ils ont besoin de décompresser par l'humour
C'est une façon de supporter le trop d'émotions

Un ami m'a un jour raconté que lors d'une trépanation, au moment où il demandait la caloote craniène qu'il devait remettre en pplace, elle lui a échappé des mains et a roulé par terre

Tout le monde a ri , ri, ri

Et moi aussi en entendant cette histoire

oups.

Tu as vu bcp de choses...

Mais l'un de tes enfants a-t-il été ainsi dépecé ?

Je connais un couple qui a appris... réalisé .... après... (car dans l'émotion de l'instantanéité de la demande... le "bon coeur parle" et la "légère" pression affective de l'équipe médicale... joue...)

Je crois qu'il ne s'en sont pas encore remis...
des années après...
la femme en fait toujours des cauchemards....

Pas si simple tout ça.....
il ne faut pas anesthésier les "dégats collatéraux" engendrés par la tentative de faire vivre "un autre"....

alors, oui, je te donne....
Mais il faut savoir que ce don a un prix exhorbitant dans le monde des survivants...

Non Alain je n'ai perdu aucun de mes enfants..

Deux fausses couches...pas la peine d'en parler (smiley triste)

Les dégats collatéraux se trouvent des deux côtés
Du côté des parents qui perdent un enfant et qui sont encouragés à donner les organes de leur enfant pour que d'autre puissent vivre

On peut espérer que les médecins le font avec respect, le plus possible en tout cas
Normalement, il y a une assistance psy auprès de ces parents

Mais les dégats collatéraux sont aussi auprès des parents dont l'enfant développe une maladie qui le condamne, et que seule une greffe peut sauver
C'est terrible tu sais, de dépendre comme ça de la mort de quelqu'un d'autre, de l'espérer même pour que son enfant survive
Certaines personnes quand elles réalisent ça: que leur enfant vivra parce qu'un autre est mort, eh bien...c'est très dur

Je t'ai dit que des greffés font des rejets de leur greffon uniquement par cause psychologique
Aussi pour eux un accompagnement est nécessaire

Moi je dis avec bco d'humilité et de respect pour tout cela
Tant de souffrance...la vie et la mort entremêlés...n'y a-t-il pas moyen d'en tirer quelque chose de tout petit qui va dans le sens du bien, de l'amour?

Mon enfant n'a pas été dépecé...(quel horrible mot!)
Mais je sais que si un de mes enfants éatit mort accidentellement, j'aurais accepté qu'on l'opère, qu'on prélève ses organes...
En hurlant de chagrin sans doute
Mais j'aurais accepté

Coumarine a écrit:

Mon enfant n'a pas été dépecé...(quel horrible mot!)

C'est cependant un mot juste : "découper en morceaux, un animal, une personne, un cadavre" dit mon dico....

Mais il est difficile de se mettre devant la réalité, ;.. qui est que le cadavre (?) - peut-on DEJA parler de cadavre ?? alors que les fonctions dites vitales sont encore maintenues ??? - va être ouvert et découpé pour y retirer des organes à transplanter.

Cela dit voici un témoignage perso (un autre de l'autre coté si je puis dire)...


Lorsque je travaillais dans l'administration, une jeune femme, d'environ 25 ans, attendait depuis plusieurs années une greffe du rein. Elle était dialisée 2 fois par semaine depuis pas mal d'années. Elle cachait ses bras tellement déformés par tous ces traitements. On l'appela un jour au travail. Un rein était disponible.
Elle s'absenta plusieurs mois (dans l'administration on peut se permettre...) Puis reprit le travail. La greffe ne prit pas. Je crois qu'on la réopéras pour supprimer le greffon (je ne me souviens plus très bien, c'était il y a longtemps). Après un nouvel arrêt elle reprit encore le travail, très déprimée, quasi suicidaire.

Bien que son supérieur, j'ai souvent parlé avec elle en privé. (Je précise ce : « bien que son supérieur », car lorsque l'on dirige un service de 18 femmes, parler plus avec l'une qu'avec l'autre, fait immédiatement que "radio-couloir" diffuse les bruits les plus croustillants ! !...).

J'ai été surpris de voir combien elle avait de ressentiment, pour ne pas dire quasiment de la haine, contre ce donneur inconnu qui n'avait pas été fichu de lui sauver la vie. Certes ses souffrances et son intence déception permettent de comprendre bien des choses. Il n'en demeure pas moins que ce côté apprenti-sorcier permanent du monde médical n'est pas sans poser question. Des questions existentielles du rapport à la vie et à la mort, principalement.
La plupart des médecins se refusent à aborder ces questions, sous prétexte d'efficacité, du respect de la vie « à tout prix » (ce prix fut-il totalement exorbitant et je ne parle pas ici d'argent...), sous couvert qu'il ne faut pas avoir d'état d'âme de bonnes femmes, et que de toute façon, eux, savent bien mieux sur tout et toutes choses que le commun des... Mortels !
(Une enquête récente indique que les médecins ne sont jamais au chevet de leurs patients mourants à l'hôpital. Ils évitent au maximum ce type de situation. C'est à la fois éclairant... Et consternant...).

Puis je vous dire qu'en lisant vos derniers échanges, je suis heureuse que mon âge ne me permette plus de donner mes organes, de n'avoir ni enfants ni petits enfants qui pourraient être en état de mort clinique, et pour qui l'on me poserait la question.
En fait, il me semble qu'il n'y pas de réponse exacte et définitive à la question posée initialement par Océane.
Intellectuellement nous prenons position : pour ou contre. Un jour, nous sommes confrontées à une réalité et là nos certitudes peuvent voler en éclats.
Dans ce domaine particulier, on pourra opposer sans fin des réussites et des echecs, des transplantations heureuses (je ne trouve pas le mot juste) et des drames tant du côté du donneur que du receveur.
Finalement c'est un peu à l'image de la vie, au moment de décider nous faisons un choix et nous ignorons, à ce moment là, si nous avons tort ou raison. Parfois nous ne le saurons jamais.

Coumarine et Alain

Merci de ces témoignages.

Bien sûr avec ce sujet, on a attaqué un sujet très dur et très douloureux.

Il y a la théorie (la beauté du geste "je te donne") et la réalité cruelle de la vie, de la maladie, de la mort. De cette opération clinique qu'il faut faire pour que le passage de l'un puisse aller vers l'autre...

D'un côté Coumarine nous parle avec le coeur, le côté humain de la chose et de l'autre Alain nous parle avec des termes médicaux aussi incisifs que le bistouri qui les manie.

Donc le sujet est dur et... n'est pas réglé.

J'y vois plusieurs raisons.

D'abord, par rapport aux tabous que sont encore la mort, et la maladie d'ailleurs. Et puis, les médecins et le corps hospitalier sont obligatoirement dans une médicalisation, un comportement clinique qui ne peut qu'exclure tout sentiment, toute implication humaine.

Dans un hôpital, on est des numéros. Saucissonés au besoin. On est dans le service du Pr X réputé dans le domaine Y. Donc si votre souffrance touche aussi le domaine Z... vous êtes mal !

La mort est cotoyée dans ces endroits là. Banalisée. Deshumanisée.

En tant que famille, accompagnant, vous êtes quantité négligeable. C'est d'ailleurs pour cela que l'on nous dit rien, ou quasiment. Qu'il faut se bagarrer pour obtenir des informations. Que vous restez là, avec votre incompréhension... et que tout le monde s'en fout.

J'ai eu une triste expérience. Mon beau-père est décédé à l'hôpital. Il avait été hospitalisé pour la vésicule biliaire. Opéré. Il se remettait peu à peu. Depuis plusieurs jours, ma belle-màre passait les nuits à l'hôpital et était très fatiguée. Je me suis donc proposée de la remplacer, de passer la nuit et qu'elle aille avec son fils se détendre un peu et récupérer. Il a bien dormi la nuit, un peu agité, mais pas trop. Sur le matin, il y a eu un problème, je ne comprenais pas. J'ai appelé les infirmières. Qui se sont affolées. On m'a jeté dans le couloir. J'ai vu passer l'appareil qui sert à enregistrer les battements du coeur ; ca sortait, ca entrait dans la chambre. J'étais transparente. Et puis, à peine une heure après, ils ont ressorti la machine... et m'ont dit.. C'est fini. J'étais hébétée... mon mari et ma belle-mère sont arrivés sur ces faits. Jugez le choc ! Il a fallu décider très vite si il restait là, ou si on voulait le ramener chez lui, en ambulance pour éviter les frais... Une heure après, on partait pour le voyage de retour et il a été déclaré mort pendant le trajet.

Humain les hopitaux ?? Non ! C'était dans les année 75. Les choses sont elles différentes aujourd'hui ?

J'ai entendu parler des soins palliatifs, qui font des progrès dans ce domaine. Mais je ne m'étonne pas de ce que tu racontes, alain.
Et nous autres pauvres humains, avons des réactions comme coumarine... on a envie d'y croire que tout est fait pour les malades, pour leurs proches...

Pour ma part, je n'y crois pas. Je suis restée en état d'hébétude... et les tristes expériences du handicap de ma soeur et de ses rapports avec l'hôpital et le corps médical ne me font pas changer d'opinions. On y peut rien... je sais. Mais quand j'ai trop mal, je gueule.

Mildred... tu as déposé pendant quej 'étais en train d'écrire...

Hélas oui, tu as raison...

Code:

.. Finalement c'est un peu à l'image de la vie, au moment de décider nous faisons un choix et nous ignorons, à ce moment là, si nous avons tort ou raison. Parfois nous ne le saurons jamais.

... on ne le saura jamais. Je crois que c'est cela qui fait encore le plus mal.

Océane
Merci de ce témoignage
il est symptomatique de bien des situations comparables, je pourrais donner de multiples exemple vécus, issus, tant de ma pratique professionnelle, que personnels (j'ai passé plusieurs années en "milieu hospitalier" comme patient... et de la patience il en faut....)

L'"humanisation" de l'hôpital est encore LARGEMENT à faire.... même si d'infimes progrès sont perceptibles ça et là....
Tant que les médecins (hospitaliers principalement) diront qu'ils sont là pour "soigner" (soi-disant....) et pas pour écouter les "gérémiades du patients" (sic dans une de mes formations !), et encore moins les "états d'ame" des familles.... On n'avancera guère...

Rappelons que tous les médecins de France sont FORMéS DANS LE MEME MOULE"....

On a dévié du Pb des greffes... mais tout se tient....

Mildred a écrit:

(...) Finalement c'est un peu à l'image de la vie, au moment de décider nous faisons un choix et nous ignorons, à ce moment là, si nous avons tort ou raison. Parfois nous ne le saurons jamais.

Il existe une difficulté spécifique et relativement neuve.
Celle de mettre des personnes devant des "choix impossibles" issus directement des progrès nouveautés de la médecine.

Je pense en particulier aux diagnostics prénataux, à la fin-de-vie, à ce qu'on appelait l'acharnement thérapeutique, aux coûts médicaux des soins du 4° age, etc...

bientôt il faudra faire des choix nouveaux :
"On débranche qui aujourd'hui ?" vu qu'il n'y aura pas assez de lits en réanimation ou services comparables. et que les arrivées se faisant de plus en plus nombreuses, il faudre gérér les stocks de grabataires et éliminer obligatoirement les surplus !

Je suis cynique ?
non ! Non ! Des zénarques se penchent sérieusement sur la question pour les 10 ans qui viennent...
C'est une question de flux !
et de crédits !
A moins que chaque français verse la moitié de ce qu'il gagne à la Sécu pour faire survivre les vieux de chez vieux, en créant des milliers de lits dans les services de réa, il faudra éliminer tout ce petit monde de mourrants des hopitaux !
allez ! Hop !
au cimetière !

Je trouve ton post bien cynique.

Et hors débat ici.

Tu peux, si tu veux, ouvrir un sujet qui traite de la Sécu.

Alors, là, je te descendrai en flammes ! Enfin, je le pense.

Mes propos ne portent pas sur la Sécu !
Et je n'ai pas envie de tirer sur une ambulance !

De toutes façons la Sécu demeurera avec son déficit abyssal qui ne fera que croitre, sera financé par l'emprunt que nos petits enfants et arrieres petits enfants rembourseront !

Tout ce qu'on raconte sur ses "risques" d'éclatement c'est pour amuser les spectateurs de TF1.
Ca fait bien trop tourner la machine économique notre belle Sécu !!
Il y aura toujours un gouvernement pour faire cracher les contribuables et souffler dans les bronches de cette belle Dame en coma dépasssé depuis longtemps !

Je sais que c'est plus ou moins hors sujet, mais je trouve qu'avant d'en arriver à des extrémités comme les greffes d'organes, on pourrait peut-être faire en sorte que les gens vivent d'une façon plus conforme à la biologie humaine.

On aurait sans doute moins de malades dont les organes vitaux sont atteints et moins de jeunes condamnés dès leur naissance à subir des états pathologiques.

Que les gens commencent à bouffer moins de saloperies, trop de viande, trop de sucres rapides et trop de graisses animales (sauf sous des formes assimilables comme la plupart des produits dérivés du lait). Qu'ils arrêtent d'exiger d'être soulagés tout de suite par des produits chimiques et privilégient les resssources de la nature pour se soigner. C'est plus lent mais beaucoup moins toxique.

Que les personnes qui ne peuvent pas avoir d'enfant de façon naturelle ne s'obstinent pas ! La nature se venge souvent quand elle est violée.

Et en plus qu'on arrête de stresser les gens qui travaillent. On a réduit la durée du travail mais à quel prix ! Sans compter les expositions à des tas de produits toxiques sans précaution.

Evidemment, il y a derrière tout ça un débat économique. Qui n'a pas sa place sur ce topic.

Mais je suis convaincue qu'il n'y aurait pas autant de besoins en matière de greffes d'organes si ces règles de vie étaient respectées.

Hélas, la médecine moderne veut devenir la science exacte qu'elle ne sera jamais .

Sans compter la mauvaise formation du corps médical sous la pression des lobbies.

Tes propos sont pleins de justesse Ramsès.

Ce qui laisse entier le besoin de greffe.

Il est important d'apprendre à nos enfant les règles de mieux vivre en particulier au niveau alimentaire... et je partage ton idée par rapport aux soins.

Tout est tellement commercial.... comme l'humanité est faible !