Tout quitter par affection ?

Mes "petits" d'adoption me pressent, depuis tout un temps, de vendre ma maison de Bruxelles pour en acheter une dans les environs de Paris, pour pouvoir me voir plus souvent et pouvoir habiter avec moi.

Quoique je ne doute pas de leur réelle affection pour moi - enfin, pour le moment en tout cas -, je sais qu'il y a d'autres motifs à cette demande. Si je pouvais le réaliser avant la prochaine rentrée académique, ce projet faciliterait grandement la vie du plus jeune qui devrait normalement avoir son bac à la fin de la présente année scolaire. Et surtout, il m'aurait pour le soutenir dans les études qu'il envisage de poursuivre et qui seraient de cinq ans.

Je dois dire que cette idée me séduit depuis tout un temps. Parce qu'ils me manquent beaucoup, même si nous nous parlons tous les jours par Internet.

Mais je suis en même temps effrayée parce que j'ai beaucoup de questions qui me viennent à l'esprit.

Oh, je ne pense pas que j'aurais des difficultés à vivre en France. Après tout, je partage la même culture et la même langue (je parle d'ailleurs de moins en moins "belge" et il y a des jours où je n'ai même plus d'accent du tout).

Mais tout de même : déménager d'une capitale (même si Bruxelles est petite en comparaison de Paris, c'est tout de même une capitale offrant des possibilités qu'on n'a pas ailleurs) pour aller dans une petite ville aux allures de campagne, ça m'effraie un peu - un peu beaucoup.

Je crains par exemple de ne pas avoir les mêmes garanties en matière de soins médicaux (ici, je suis à quelques kms seulement d'un tas d'hôpitaux "en cas" ... et d'après tout ce que j'entends régulièrement sur les chaînes françaises, je ne suis pas très rassurée - quand je vois que des tas de gens doivent faire des dizaines de kms pour se faire hospitaliser).

Il y a aussi le niveau des impôts locaux qui m'inquiète, pour ne parler que de ça.

Je suis aussi effrayée à l'idée des formalités à accomplir en terrain inconnu. Chez moi, je connais la législation et la réglementation. J'en connais un peu sur ce qui a cours en France mais ça ne suffit pas.

J'ai aussi des sentiments très mélangés à l'idée de tout quitter. D'un côté, je n'ai en fait rien qui me retient en Belgique : quand ma mère ne sera plus là, je n'aurai plus aucune famille. Des amis ? Je ne peux pas dire que j'en ai vraiment. Et dans mon coin, je pourrais être morte depuis des semaines avant que quelqu'un s'aperçoive de quelque chose - je n'ai de contacts avec personne du voisinage, si ce n'est de temps à autre quand je fais mes courses. Il est vrai que c'est un peu ma faute si c'est comme ça : j'aime les contacts mais je ne veux pas d'obligation comme d'aller les uns chez les autres et cela tient au fait que je vis seule depuis trop longtemps.

Encore que je pense que ça ne me poserait pas beaucoup de problèmes d'accueillir mes deux jeunes dans ma maison. Ce serait sans doute stimulant et je ne vivrais plus dans une sorte de tombe. Question de caractère, je les connais déjà bien, surtout le plus jeune, donc sur ce plan pas de problème. Celui-là m'a d'ailleurs fait un compliment que j'ai apprécié : il m'a dit qu'avec moi, il ne s'ennuyait jamais. Comme je connais ses parents, je n'en suis pas du tout étonnée.

Mais tout de même, j'ai des tas de souvenirs chez moi et j'ai peur d'avoir, en partant, l'impression de trahir quelque chose ou quelqu'un. Comme si je reniais tout ce qui a été ma vie pendant 65 ans (la date fatidique, c'est ce samedi et je n'ai même pas envie de fêter ça).

Et de façon plus terre à terre, quel boulot de vider toute une maison avec des tas de trucs inutiles qui sont encore là parce que je n'ai pas encore trouvé d'aide pour les évacuer. Il est vrai aussi que plus j'attends (parce que je devrai tout de même le faire un jour où l'autre même si je reste chez moi), plus ça risque de devenir dur.

Bref, pour le moment, je me sens un peu angoissée et stressée. Et je me rends compte que ça fait des années que j'ai un blocage mental qui m'empêche de vivre comme je voudrais.

Que pensez-vous de tout cela ?

Que te répondre chère Ramsès...

mon premier réflexe est de te dire.... FONCE !!

En fait, c'est exactement ce que j'ai fait cette année en 2006.... tout larguer d'un côté....

et tout reconstruire de l'autre...

J'attaque la phase finale dans qq jours..

Pas facile tout cela, gros chamboulement.... c'est le moment de vider tout ce qui est superflu. Ne garder que l'essentiel.

Soi même on est un peu labouré, retourné.

Et encore... j'ai de la chance... même en changeant de région, je reste dans le même pays et je retourne dans une région que j'aime "au grand soleil"

Près de mon fils, mais encore loin de ma fille .... qui devait venir dans le Sud aussi et qui a du pour qq années abandonner ses rêves

Mais non, je ne regrette rien... de toute façon ce n'est pas mon style de regretter qq chose...

Et puis - entre nous - c'est aussi une façon de rester jeune que celle de se remettre en question... rependre la mer.... renaviguer vers des rives nouvelles....

et si le bonheur - ou qq chose qui lui ressemble - était au bout du voyage ??

Courage à toi ....

Bonjour Ramsès

Quelques reflexions vu de l'extérieur ( et en tant que suissesse ) à une situation qui m'apparaît complexe et délicate, pour le moins...

1 Une grande solitude ajoutée aux peurs de fin de vie + un immense besoin de donner de l'amour et d'en recevoir

2 Une rencontre sur le Net avec deux jeunes dont les parents semblent montrer quelques faiblesses, voire inaptitudes envers leurs rejetons

3 Tu trouves auprès d'eux un couvoir et un réceptacle à tes souhaits

4 Eux, le profit de quelques années d'études ( ou autres...) sans soucis puisque tu y pourvoirais et une affection sans faille il va de soi.

5 Qui a le plus à gagner dans cette affaire ? Qui est le plus sincère dans ces projets ? Qu'en pensent les parents ?

Et dernière observation concernant la France ; j'adore y aller en tant que touriste mais jamais au grand jamais je ne m'y installerais, la chienlit y régnant à tous les niveaux

Le problème est à prendre avec des pincettes et je te souhaite tous les éclairages necessaires à tes initiatives

Bien affectueusement

Bleue

Océane, je ne suis pas surprise de ce que tu m'as répondu.

Bleue, je suis impressionnée par ton analyse car elle correspond bien aux questions que je me pose.

Pour ce qui est des parents, je crois qu'ils s'en fichent plus ou moins. Celui des deux qui est majeur estime que, de toute façon, il n'a pas de comptes à rendre à ses parents divorcés et jusqu'à un certain point, je le comprends tout à fait. Vivre avec sa mère est assurément infernal et j'ai pu juger sur pièce. Le père, remarié et père de quatre autres enfants, n'a aucune considération pour son aîné.

Quant au plus jeune, je sais ce que je lui apporte tout comme ce qu'il me donne et je le crois sincère quand il me dit qu'il aimerait vivre avec moi. Il n'y a aucun calcul chez lui, contrairement à ce que je soupçonne chez l'autre. Et là aussi, j'ai pu juger comment ça se passe dans sa famille. Une mère ultra-possessive et étouffante, un père inexistant et un peu faux-jeton. Lesquels ne paraissent pas encore avoir compris quel trésor ils ont. Ils ont tout de même assez de bon sens pour se rendre compte que j'exerce sur leur fils une influence positive.

Le gamin qu'il était encore quand j'ai fait sa connaissance m'a énormément aidée quand je me trouvais au fond d'un trou noir et moi, je l'ai aidé et je l'aide encore à grandir. Finalement, ce fut une grande chance pour tous deux de nous être trouvés.

Quant au fait que nous nous soyons rencontrés sur Internet, ça n'a pas d'importance. Quand on dialogue fréquemment - c'est même tous les jours depuis que j'ai pris en main le suivi de ses études au lycée -, depuis trois ans et demi, je pense qu'on commence à bien se connaître. Et je n'ai pas été déçue de nos rencontres en live. C'est difficile à expliquer parce que les gens comprennent rarement. Mais entre nous, la différence d'âge n'existe pas grâce à ce que nous avons en commun comme centres d'intérêt et grâce à une grande complicité et une tournure d'esprit que nous avons tous deux.

C'est vrai, les deux jeunes ont assurément le plus à gagner. Mais d'un autre côté, ce serait peut-être bien pour moi la dernière chance de mener une existence "normale" - parce que je vis en fait comme une sauvage, sans repères temporels et dans un environnement affreux auquel je n'ai pas le courage de remédier.

En fait, ce qui me retient vraiment, c'est l'idée de ne plus avoir de pied-à-terre dans mon pays natal. Et peut-être aussi l'angoisse face à l'inconnu pour ce qui est des réglementations propres à la France. Sur certains points que je connais, je suis effectivement mieux en Belgique.

Mais si j'avais des moyens financiers suffisants pour acheter là-bas une maison ou un appartement tout en gardant ma maison actuelle, je n'hésiterais pas une minute pour faire mes bagages et y aller.

J'avais raison d'avoir peur de me laisser aller à éprouver des sentiments d'affection parce que la situation présente va probablement altérer quelque peu nos rapports jusqu'ici uniques. Et en plus, ça me fait souffrir de décevoir ce "petit" tellement cher à mon coeur. Surtout que je sais que mon refus risque d'avoir des conséquences désastreuses pour la poursuite de ses études mais c'est une histoire complexe et trop longue à raconter.

Pour résumer, mon coeur a envie d'être fou à 200 % et ma tête me donne un embêtant signal d'alarme.

Bonjour Ramsès et Bleue

C'est vrai Bleue tu es beaucoup plus tempérée que moi....

Je ne pense pas que "vivre" en france ou en Suisse ou en Belgique soit beaucoup plus difficile au niveau soins etc.. d'un pays sur l'autre.

En revanche, vendre sa maison, s'installer... pour qq années seulement car ce partage ne durera pas éternellement... les petits ooiseaux prendront des ailes suffisament fortes pour voler tout seuls !!

Je suis étonnée de la non réaction des parents... ou alors ils sont bien contents, qu'il y ait quelqu'un qui prenne le relais ?

N'y aurait il pas une solution intermédiaire ??? louer ta maison par ex... et en compensation louer en France pendant par ex une année ?

D'un autre côté si tu as des alertes fortes dans ta tête... il te faut réfléchir et peut être renoncer.... Nos les femmes sommes plutôt intuitives...

Quant à votre affection réciproque, ne t'inquiète pas.. si elle est reelle (ce dont je ne doute pas) elle passera certainement cette épreuve là.

Ce n'est pas non plus obligatoirement ta "dernière" chance.... on ne sait pas ce que la vie nous réserve et pour ma part j'espère qu'elle te réserve des bonheurs auquels tu ne t('attend pas.

Bleue tu te régales à pouponner ta petitoute ?

Bon week end à toutes les deux.