Voici un sujet qui, je l'espère, vous divertira un peu.
il se fait que, dans le courant du mois de juin dernier, mes deux "petits" m'ont fait part d'une idée qui leur était venue : tourner un film avec moi.
L'idée de départ m'a séduite : l'histoire d'une vieille femme tellement avare qu'elle se débarrasse de ses trois petit-enfants pour éviter de devoir leur donner quelque chose de sa fortune.
Bref, un personnage à l'opposé de ce que je suis et j'y ai vu tout de suite un rôle de composition dont je ne savais pas encore comment j'allais pouvoir le jouer.
Dès la seconde moitié de juin, à deux, nous nous sommes attaqués à l'écriture des dialogues et à l'élaboration du scénario (j'entends par là la mise en scène et les décors - l'essentiel des actions a été prévu par écrit mais nous avons dû plus d'une fois faire des adaptations pour faire ce qui était possible).
Nous avons ensuite mis au point le timing du tournage et nous avons procédé aux premières répétitions dans une chambre d'hôtel à Paris, à la fin du mois de juillet. A ce moment-là, nous n'étions pas encore très convaincus de pouvoir réussir l'entreprise : les prestations des comédiens amateurs que nous étions étaient loin d'être à la hauteur de nos ambitions. La quatrième participante au futur film était encore plus mauvaise que moi - parlant comme une mitraillette et avalant la moitié des mots.
Les moyens techniques mis en oeuvre furent minces et nous n'eûmes guère le choix des lieux de tournage : la maison du père du futur réalisateur, prêtée pendant les vacances de la famille (issue d'un deuxième mariage) et l'île d'Oleron où mes deux "petits" allaient terminer leurs vacances d'été.
Ces deux-là mirent à profit la première semaine d'août pour aménager le "studio" - un grand drap blanc pour séparer en deux le living et délimiter la zone où se passerait la plus grande partie du film et déménagement du mobilier de la cuisine pour servir de salle-à-manger.
Ils en profitèrent aussi pour tourner la plupart des scènes où ils ne figuraient qu'à eux deux. C'est que le temps était compté. Tout le reste, à l'exception des scènes finales, devait être tourné entre le 11 et le 19 août parce que tout le monde devait "lever le camp" le 20 au matin.
Le 11 août, à peine débarquée du train et arrivée sur les lieux du tournage, j'ai été tout de suite dans le bain. Il a fallu que je m'invente un maquillage spécial de circonstance qui a d'ailleurs marqué le personnage que j'ai joué d'une tout autre façon que ce qui avait été prévu au départ.
une vraie sorcière, ce personnage complètement déjanté. Quand je me vois dans ce film, je me dis : "je ne pensais vraiment pas être aussi laide".Pire que la regrettée Alice Sapritch. La camera est impitoyable pour les peaux fripées et les yeux en boules de loto. Non, je n'exagère pas.
Les huit jours de tournage ont été assez pénibles. j'étais complètement hors de mes habitudes et vu mes rythmes biologiques, je n'étais en forme que tard dans la journée et surtout la nuit. Nous n'avons donc pas beaucoup dormi.
Je sais maintenant ce que c'est le métier de comédien - en tout cas dans les premiers temps de la carrière : on répétait parfois jusqu'à 20 fois le même plan d'une même séquence. J'avais beau savoir mes répliques, je calais souvent au mauvais moment, ayant subitement tout oublié de ce que je devais dire ensuite.
Ils ont dû avoir les boules plus d'une fois. Et moi, je souffrais tellement à certains moments que je menaçais de faire mes valises et de les laisser en plan.
Il faut dire que ce qui me rendait particulièrement nerveuse, c'est qu'il m'était interdit de fumer. Ce qui est complètement idiot, vu que quand je suis avec eux, ne pas fumer ne m'est pas difficile. mais je ne supportais pas que moi, la vieille, je sois obligée de me plier à leur volonté.
Après la fin du tournage, il y a eu l'épreuve pénible du montage auquel je n'ai pas participé. J'avais néanmoins encore quelque chose à faire vu qu'il fallait encore que j'enregistre trois séquences en voix off. Là aussi, j'ai dû travailler beaucoup pour arriver à trouver le ton qu'on attendait de moi. A la fin, je n'avais plus de voix ! A force de m'obliger à prendre un ton méchant pour certains passages.
Au total, ce qui devait, à l'origine, être un moyen métrage de maximum 45 minutes est devenu un long métrage qui fait environ 1 h. 39.
Le résultat m'a surprise. A part certains défauts inhérents notamment au manque de moyens techniques (avec certains effets comiques involontaires), je trouve que ce n'est pas mal du tout comme premier film.
Je ne regrette vraiment pas d'avoir fait cette expérience, si tuante fut-elle. Et je re-signerais avec joie si on me le proposait.
Maintenant, je m'occupe de diffuser ce film à petite échelle, gravant des copies et les mettant dans des boîtiers avec une couverture réalisée par mon petit "préféré". Il est bourré de talents, ce gosse. L'autre aussi, d'ailleurs, dans un autre genre - il est doué pour la mise en scène et la réalisation.
Ces couvertures, j'en ai imprimé une certaine quantité, ayant la chance de posséder une imprimante laser couleur qui donne des impressions d'excellente qualité.
Si ce sujet vous intéresse, posez-moi vos questions. J'y répondrai bien volontiers.
.