Hommage à Rosa Parks

Madame Rosa Parks,

Vous venez de nous quitter à l'âge de 92 ans.

Vous, une femme noire, née en Alabama, vous étiez une femme discrete, tranquille. Vous faisiez de la couture chez des patrons blancs qui vous appreciaient beaucoup.

Et puis, un jour en prenant votre bus comme tous les jours, vous vous êtes assise sur un siège libre dans la partie charnière du bus (accessible aux blancs et aux noirs), la partie avant étant strictement réservée aux blancs, et la partie arrière laissée aux noirs.

C'était dans les annees 55, ce n'est quand même pas si longtemps que cela, et nous sommes en pleine ségrégation en Amerique :

Les noirs doivent se mettre au fond du bus !

On vous prie de bien vouloir vous lever pour donner la place à un blanc qui monte dans le bus et OH!! sacrilege! vous refusez !

Naturellement, vous êtes arrêtée, jugée et condamnée a une amende de 15 dollars!

Mais à votre arrestation, un mouvement de boycottage s'est crée : toutes les personnes noires ont refusé de prendre le bus et ce boycottage a duré 382 jours....

Le mouvement "black's civil rights" a pris ses racines dans votre courage, dans votre révolte, votre non accepation.

Et celui qui a été choisi pour défendre et promouvoir ce mouvement, Martin Luther King a été assassiné en 1968, parce qu'il a osé dire que tous les hommes blancs ou noirs sont égaux et doivent jouir des mêmes droits.

Chère madame Rose Parks, vous êtes pour moi un héros. A l'époque de votre acte héroïque je n'étais qu'une petite jeune fille... bien ignorante de ces ignominies...

Je suis fière d'habiter en France où cette ségrégation n'est pas de mise mais je sais qu'il nous faut sans cesse rester vigilants pour qu'aucune ségrégation raciale ou religieuse vienne ternir notre image de démocratie.

Permettez moi d'accompagner votre dernier voyage par cette chanson de Claude Nougaro

"Armstrong, je ne suis pas noir
Je suis blanc de peau
Quand on veut chanter l'espoir
Quel manque de pot
Oui, j'ai beau voir le ciel, l'oiseau
Rien, rien, rien ne luit là-haut
Les anges... zéro
Je suis blanc de peau

Armstrong, tu te fends la poire
On voit toutes tes dents
Moi, je broie plutôt du noir
Du noir en dedans
Chante pour moi, Louis, oh oui
Chante, chante, chante, ça tient chaud
J'ai froid, oh moi
Qui suis blanc de peau

Armstrong, la vie, quelle histoire ?
C'est pas très marrant
Qu'on l'écrive blanc sur noir
Ou bien noir sur blanc
On voit surtout du rouge, du rouge
Sang, sang, sans trêve ni repos
Qu'on soit, ma foi
Noir ou blanc de peau

Armstrong, un jour, tôt ou tard
On n'est que des os
Est-ce que les tiens seront noirs ?
Ce serait rigolo
Allez Louis, alléluia
Au-delà de nos oripeaux
Noir et blanc sont ressemblants
Comme deux gouttes d'eau"

et de vous dire : Merci, Rose.

Océane, permets moi de me joindre à toi pour cet hommage.

Heureusement qu'il y a des gens de courage comme elle pour faire avancer les choses...

Je me sens petite, toute petite face à eux...

Je m'y joins aussi.

Cette dame s'est sans doute défendue d'être une héroïne et j'imagine qu'elle aura simplement dit qu'elle n'avait fait que se laisser porter par sa conviction d'avoir les mêmes droits que les blancs.

Mais il faut en effet du courage pour aller au bout des convictions.

Ce qui me sidère le plus quand je lis ou j'entends le récit du combat mené par les Noirs pour obtenir l'égalité des droits, c'est précisément que ce combat ait dû avoir lieu.

Et il n'est pas du tout certain que le combat soit fini. Il suffit de voir ce qui s'est passé quand La Nouvelle Orléans a été frappée par l'ouragan.

Moi aussi, j'ai été frappée de stupeur quand, jeune fille, j'ai découvert que cette ségrégation existait. Ce fut très bizarre pour moi parce que jamais je n'ai été raciste ni xénophobe. Et personne n'a dû m'apprendre - même si ça entrait dans les matières enseignées à l'école - qu'il n'y a qu'une seule race : la race humaine.

Je voyais quand même bien, même toute petite, que les autres, quoique différents, avaient comme moi une tête avec une bouche, des bras et des jambes.

Je n'ai jamais compris non plus comment on peut tuer quelqu'un parce qu'il a une certaine couleur de peau ou parce qu'on ne partage pas ses convictions philosophiques.

Océane, tu as bien raison de dire qu'il faut rester vigilant. La bêtise n'a pas de frontière !

Il n'y a pas tant d'années - c'était en 1981 -, j'ai assisté à des scènes pénibles d'interpellation policière de personnes à peau noire dans le métro à Paris. Ce n'est qu'un exemple parmi d'autres.

Mais ce que je constate parfois aussi, c'est que certains qui se disent victimes du "racisme" sont tout autant "racistes" eux-mêmes.

Ce que je trouve encore plus aberrant.



Le terme même de racisme me paraît donc être une aberration.

Je ne vais pas ajouter à ce qui est dit de l'histoire de cette femme et du combat contre le racisme.

Dans le sens de ce que dit Ramses II, j'ai été moi aussi frappé de l'intensité du racisme des noirs, non seulement envers les blancs mais entre-eux, entre leurs différentes ethnies.

au regard de ce que j'ai entendu (uniquement en privé évidemment !) dans les propos de certains (à l'occasion de rencontres internationales), je trouve que les européens sont tres gentillets dans leur racisme....

Parfois c'est à désespérer de l'humanité....
Finalement les racines du mal du rejet de l'autre sont tellement profondes dans nos cerveaux reptiliens, que l'on se demande si ça changera avant des millénaires.... enfin si la race humaine survit encore jusque là !!

Annie : merci de ton message.

Ramsès : bien sûr que ce terme de racisme est abérrant... et que le racisme entraine le racisme. J'ai été horrifiée devant la catastrophe de la nouvelle orléans et de voir la différence qu'il y a eu entre les noirs et les blancs, les riches et les pauvres..

La violence qui vient de se dérouler dans le 93.. est le signe supplémentaire que tout reste toujours à faire....

Alain : je pense qu'on a pas le droit de désespérer et d'abandonner le combat de certaines causes !

Une image que je retiendrais : le cercueil de Rosa Parks exposé au Capitole.

Bien sûr je ne pense pas que Bush s'en soit fait un point d'honneur... mais le fait qu'il se sente obligé de le faire, que l'amérique lui rende cet hommage là prouve que à tout petits pas - si petits - les choses peuvent changer.

En ce qui concerne les nuits de violence dans les banlieues parisiennes, je ne sais pas si c'est vraiment le racisme qui est en cause. Si c'est bien ces événements que tu vises - parce que je n'ai pas encore réussi à retenir grand chose de vos numéros de départements.

J'ai souvent l'impression qu'il y a de la désinformation ou de l'intox dans la façon dont ce genre d'incidents est relaté par les media.

Mais développer ce sujet ici n'est sans doute pas à sa place.