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 Petit polar à un euro

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Ramsès II
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Ramsès II


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MessageSujet: Petit polar à un euro   Petit polar à un euro EmptyDim 16 Oct à 23:27

Voilà : je l'ai retrouvé. Mais comme tous ceux qui l'ont lu, vous allez me dire qu'on reste sur sa faim.

En effet, je ne précise pas vraiment comment l'inspecteur a trouvé la coupable.


Qui ?

Vendredi, 16 h. 45.

Il fait un temps affreux. Il ne suffit pas qu’on soit en hiver et qu’il fasse noir très tôt, il faut encore que la pluie enveloppe le voisinage de son gris rideau liquide.

En face, les arbres du parc se dressent comme autant d'inquiétants fantômes prêts à fondre sur les rares passants qui pourraient s'y aventurer. Les réverbères n'arrivent pas à rompre les ténèbres.

C'est que la nuit précoce est déjà d'un noir d'encre. Les seules lueurs qui percent l’obscurité sont celles que jettent l’éclairage public et les projecteurs qui mettent en valeur les arcades du Cinquantenaire. Les rares bruits audibles sont ceux que font les gouttes d’eau qui martèlent le trottoir et, à l'intérieur du bâtiment, le tic-tac de l'horloge du hall qui égrène des minutes trop longues. C'est que, comme tous les vendredis à cette heure, le tunnel routier qui longe l'avenue est silencieux, ne déversant pas son flot habituel de monstres d'acier grondants.

La téléphoniste, une blonde oxygénée aux yeux bruns cachés derrière de grosses lunettes qui lui donnent l'air d'un hibou et à la mine maussade, se recroqueville derrière le comptoir d’accueil. Elle baille comme une huître en attendant l’heure de quitter son triste job. Les ascenseurs viennent de vomir leurs lots de fonctionnaires désireux de déserter au plus vite les lieux de leur servitude.

N'ayant pas prêté attention aux personnes qui sortaient et n’ayant pas non plus pris garde à l’affichage de la camera de surveillance de la cage d'escalier, la téléphoniste - Joséphine de son prénom – n’a pas remarqué une ombre qui s'est faufilée sournoisement dans l’escalier de secours.

Vendredi, 17 h. 30.

Maintenant, il pleut carrément des cordes.

La camera de service assurant la surveillance du parking à l’arrière du bâtiment ne montre rien d'autre qu'une surface vide de tout véhicule. Il semble donc que tout le monde soit déjà parti. Joséphine pense dès lors qu'elle va pouvoir quitter son service sans tarder. Elle a hâte de rejoindre ses pénates.

Aujourd’hui, pour cause de grève, l’équipe de nettoyage n’assurera ni l’inspection des étages ni la fermeture du bâtiment.

Et dans sa précipitation, Joséphine, au moment de sortir, a fermé le portillon automatique de la façade avant, mais a oublié de regarder ce qui pouvait se passer à l’arrière et de baisser en conséquence le rideau de fer qui interdit normalement les entrées et sorties lorsque vient l'heure de délaisser le bâtiment.

En outre, elle a omis de vérifier si quelqu’un se trouvait encore sur les lieux.

Pressée de s'en aller, mais l’esprit tranquille, elle se prépare à jouir d’un week-end bien mérité.

Dans l’intervalle, l’ombre a quitté le bâtiment incognito en se faufilant dehors par le parking.

Lundi, 7 h. 30

Marina, une grande brune au teint et aux cheveux de type méditerranéen, qui fait office de femme d’ouvrage intérimaire, vient d’arriver.

Sa première tâche du jour est de vider les poubelles aux 4e, 5e et 6e étages.

Au 6e, rien de spécial, si ce n’est que les cochons de la Direction ont encore laissé dans la poubelle ordinaire des bouteilles vides (whisky, vins et apéros). Si encore ils se donnaient la peine de faire le tri. Mais non, ils s'en contrefichent.

Marina, sans trop savoir pourquoi, commence par descendre les déchets de cet étage, alors que d’habitude, ce n'est que quand les ordures ont été ramassées sur les trois étages, que le chariot aux ordures est descendu à la cave.

Et après cet ouvrage peu ragoûtant, elle remonte au 4e étage. Là, rien de spécial – rien que des gens qui ne jettent pas n’importe quoi dans leurs poubelles.

Reste le 5e étage.

Où Marina commence par visiter les bureaux situés à gauche en sortant de l’ascenseur.

Lundi, 8 h. 30.

Carola, qui vient d’arriver – elle est tenue de venir très tôt au bureau, en tant que secrétaire adjointe à la Direction – n’a même pas encore eu le temps d'ôter son manteau, quand soudain, elle entend des cris stridents. Des cris qui lui glacent le sang, si bien qu'elle laisse choir son cabas. Son joli teint de rousse vire au blanc linceul, tandis que ses yeux verts tournent au gris.

Elle se précipite donc dans le couloir pour voir qui a bien pu pousser de pareils hurlements. Et elle voit : Marina, sans vie sur le sol. Heureusement, Marina n’est qu’évanouie et revient à la conscience à l’aide d’une bonne paire de claques administrée sans complexe par Carola.

Mais qu’y a-t-il ? Tremblant encore de tous ses membres, Marina pointe du doigt le local 516 et balbutie : « là, elle est morte ! ».

Carola, conservant son sang-froid, pénètre dans le local 516 pour découvrir que la créature qui occupe ce bureau gît sur le sol, dans une mare de sang.

Elle constate que le cadavre est tout froid et bien raide. Le décès doit donc remonter à plus d'une journée.

Ne sachant trop que faire, Carola attend de voir se pointer un des pontes de la Direction, à qui elle expose sa découverte.


Lundi, 9 h.

Posant son attaché-case à côté de son bureau, ledit ponte (que le personnel appelle irrévérencieusement "sa majesté inutile") se met en devoir d'inspecter les lieux où sa fidèle (et complaisante) collaboratrice se trouve à l'état de viande désormais froide.

L'affreux personnage, un blond fadasse aux yeux d'un bleu délavé, aussi large que haut, contemple la charogne d'un œil sec.

C'est curieux, il ne tremble même pas et tout ce qui lui traverse l'esprit, c'est que la garce ne lui servira plus de distraction pendant les heures creuses. Quelle fière p***** c'était. Il aura du mal d'en trouver une autre qui vaille celle-là. La poupée brune aux yeux de porcelaine de Delft, à la bouche pulpeuse et aux courbes affriolantes a vécu.

Emergeant de ces pensées très charitables, il vocifère à l'intention de Carola : "ne restez pas là comme une potiche, appelez plutôt la police".

La pauvre fille, qui vient seulement de réaliser le drame, rougit, pâlit, tourne les talons et s'empresse d'exécuter l'ordre.

Dans l'intervalle, la quasi-totalité des membres du personnel ont déjà gagné leur lieu de travail.

Il ne faut pas plus d'un quart d'heure pour que la rumeur batte son plein : "l'adjointe du Directeur est désormais hors d'état de nuire"

Le premier moment de stupeur passé, les langues vont bon train. Personne n'ose toutefois dire tout haut ce qu'il ou elle pense de l'événement.

Lundi, 10 h.

Arrivé sur les lieux du crime, l'inspecteur dépêché par le commissariat voisin, une sorte de Colombo plus vrai que nature, avec son trench qui a fait la guerre et son mégot de cigarillo coincé entre ses lèvres pincées, ordonne d'une voix éraillée que le personnel soit réuni dans la grande salle du rez-de-chaussée en vue d'un interrogatoire qui aura lieu dans la petite salle voisine.

Sans attendre le médecin légiste, qui ne devrait pas tarder, l'inspecteur a déjà fait les premiers constats. La plaie béante de la gorge de la victime ne laisse aucun doute sur la cause du décès : elle a bel et bien été égorgée.

Il n'y a cependant pas trace de poignard ou de couteau sur les lieux du crime.

L'inspecteur se met en devoir d'interroger un par un les membres du personnel, tandis qu'un de ses collaborateurs relève leurs empreintes digitales. Pendant ce temps, les experts du labo passent au peigne fin le local 516.

Au bout de deux heures, il n'a guère recueilli de propos de nature à le mettre sur la piste de l'assassin, quand soudain, le type qu'il est en train d'interroger, lui glisse d'un air fielleux : "vous devez savoir, inspecteur, qu'il se trouve ici quelques personnes qui avaient de bonnes raisons d'en vouloir à mort à la victime".

Ah ! Et quelles sont ces personnes, demande l’inspecteur en titillant sa chevelure.

Le grand maigre qui travaille à la bibliothèque lui répond : "il y a madame Laigle que la victime a tellement démolie en lui faisant une réputation d’ivrogne et de bonne à rien, que la pauvre n’a plus jamais eu droit à une promotion depuis l'arrivée de cette diabolique créature dans le service " .

"Il y a aussi monsieur Lannier, dit l'Hidalgo, qui a le même grade que cette abominable créature mais qui a été humilié par celle-ci au-delà du supportable. Et encore madame De l'Ange qui devenait enragée par suite des exigences de la morte en matière d'informatique."

L'inspecteur, sans se départir de son infâme mégot tout refroidi, se met en devoir d'interroger les trois personnes désignées par le témoin.

"Madame Laigle, quel a été votre emploi du temps aux alentours de 17 h. 30 vendredi dernier ?"

"Monsieur l'inspecteur, j'ai dit au revoir et bon week-end à la téléphoniste et je m'en suis allée retrouver mon chien qui est toujours tout seul à la maison. J'avais donc hâte de rentrer."

Et l'inspecteur de poser la même question à monsieur Lannier. Celui-ci dit : "j'avais averti ma femme que je rentrerais une heure plus tôt que d'habitude, vu qu'elle vient me chercher à la gare avec la voiture. Donc, je ne me suis pas éternisé au bureau et la téléphoniste pourra confirmer que j'ai quitté le bâtiment un peu avant 17 h. 30."

"Et vous, madame De l'Ange ?" fait l'inspecteur qui titille encore un peu plus sa tignasse en broussaille.

"Moi, monsieur l'inspecteur, j'ai attendu dans le hall que mon mari vienne me chercher. Il arrive toujours un peu avant 17 h. 30 et je me tiens généralement sur le trottoir devant l'entrée du bâtiment pour guetter son arrivée" répond le témoin.

Il est maintenant 12 h. 30 et notre inspecteur commence à avoir faim. En outre, il lui faut réfléchir à tout ce qu'il vient d'entendre. Il n'a toujours pas de piste et ça l'irrite. Son estomac commence à réclamer et il se dirige vers la première pizzeria venue (régime qui ne lui est pourtant pas bénéfique).

Avant de partir, il a demandé à tous les membres du personnel de se tenir à sa disposition le lendemain, dans la mesure où il jugerait nécessaire de réinterroger certaines personnes.

Mardi, 10 h.

Un agent de police passant par là par hasard interpelle un drôle d'individu qui mâchouille un mégot de cigarillo et qui a une drôle d'allure avec son imperméable fripé : "c'est à vous cet innommable véhicule tout cabossé et c'est quoi ce clebs qui aboie sans arrêt ?".

"Excusez, m'sieur l'agent. Je suis en service : inspecteur Calimero, voici ma plaque.

Pour la voiture, c'est tout ce que le budget du commissariat m'alloue et quant au chien, j'ai dû le prendre avec moi parce que ma femme a une importante réunion ce matin."

L'agent qui connaît l'inspecteur de réputation enlève son képi et le salue.

S'engouffrant dans le bâtiment par le portillon automatique , notre inspecteur se prépare à aller aux étages, quand lui vient une idée : Joséphine n'a-t-elle vraiment rien vu ?

"Je vous jure, monsieur l'inspecteur que je n'ai rien vu du tout, à part les personnes qui sortaient du bâtiment."

"Mais n'avez-vous au moins remarqué un détail inhabituel ?"

"A première vue, non. Madame De l'Ange a attendu la venue de son mari sur le trottoir en fumant comme une cheminée, comme à l'accoutumée et monsieur Lannier est sorti par le parking comme d'habitude pour aller au plus vite à la station de chemin de fer proche d'ici. Toujours peur de rater son train, celui-là."

"Et madame Laigle ? "

"Ah, celle-là, en effet, elle m'a un peu surprise."

Et pourquoi, demande l'inspecteur.

"C'est qu'elle ne sort généralement pas si tôt du bâtiment. A croire qu'elle est mariée avec son bureau."

"Charmante Joséphine, auriez-vous pu voir si madame Laigle était vraiment sortie à l'heure où vous l'avez vue ?"

Sur ces mots, l'inspecteur voit Joséphine se troubler, rougir, pâlir, verdir. "C'est que, monsieur l'inspecteur, j'étais très pressée vu le temps qu'il faisait et je n'ai pas vraiment prêté attention à ce qui se passait."

L'inspecteur commence à se faire une idée de ce qui a bien pu se passer. Il va donc essayer de tendre un piège à l'assassin.

Mardi, 12 h.

L'inspecteur a demandé à Marina de l'aider pour une petite mise en scène.

Marina, sans bien comprendre où il voulait en venir, s'est exécutée.

Maintenant, il n'y a plus qu'à attendre pour confondre l'assassin.

Marina, sur les ordres de l'inspecteur, est allée chercher une pièce de bœuf bien saignante et l'a découpée avec un couteau de boucher.

Elle a laissé le couteau bien évidence sur la table du local où le personnel vient prendre le café ou le thé ou tout autre boisson disponible au distributeur automatique du hall.

L"inspecteur, caché dans le local où se trouve le lave-vaisselle, un peu en retrait de l'endroit convivial, attend les réactions.

Un a un, les gens viennent retirer leur boisson.

Apparemment, ils ont des œillères, car personne ne remarque le couteau ensanglanté, pourtant bien posé en évidence sur la petite table.

L'inspecteur voit défiler à peu près tous les membres du personnel.

Toujours pas de réaction.

Et notre inspecteur se dit, "bon sang, si je pouvais avoir l'avis de ma femme, elle aurait sûrement une idée".

Il commence à être convaincu, vu les divers témoignages recueillis, qu'une seule personne a pu faire le coup.

MAIS C'EST BIEN SÛR !

Il a compris : elle a fait semblant de sortir mais est rentrée aussitôt, connaissant les habitudes de la téléphoniste et aussi le fait que personne d'autre ne viendrait fermer le bâtiment.

Personne d'autre ne haïssait la victime au point de passer à l'acte. Et personne d'autre ne pouvait avoir l'intelligence de faire ce qu'elle a fait.

Mais reste encore à obtenir les aveux.

Il est près de 13 h. 30. Madame Laigle, qui pointe généralement à cette heure pour la pause de table, vient de mettre les pieds dans le local.

Elle voit la table et le couteau et s'évanouit.

L'inspecteur appelle les secours et la femme revient à elle.

"Madame, votre malaise est un aveu et je dois vous mettre en état d'arrestation. Mais qu'avez-vous fait de l'arme du crime ?"

Avec un pâle sourire, la coupable dit : "mais l'arme du crime, elle est là sous vos yeux, je l'avais simplement lavée et si ma nature sensible ne m'avait pas joué de tour, vous n'auriez jamais pu prouver que j'étais coupable."

Sur ce, madame Laigle tombe morte, après avoir croqué une capsule de cyanure. Une capsule qu'elle avait pu se procurer, dieu sait comment, en prévision.
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MessageSujet: Re: Petit polar à un euro   Petit polar à un euro EmptyLun 17 Oct à 22:44

Merci de ce roman digne de Colombo !

Cette madame laigle qui s'autopunit en se suicidant au cyanure... la puavre. J'aurais bien vu un rebondissement.... qu'elle s'évanouisse... et que ce ne soit pas elle !
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Ramsès II
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MessageSujet: Re: Petit polar à un euro   Petit polar à un euro EmptyMar 18 Oct à 0:22

C'est vrai, l'histoire aurait pu rebondir. Mais j'étais tenue à une limite pour la longueur du texte.

En outre, ce ne peut être que cette madame Laigle qui est en fait moi et j'ai tué sympoliquement une personne qui m'a fait un tort énorme dans ma carrière.

C'est d'ailleurs la raison pour laquelle je ne mettrai pas ce texte sur mon site, parce que certains de mes anciens collègues le visitent et comprendraient immédiatement qui est visé. Surtout que je fais un portrait peu flatteur de certains personnages.

Ce que je viens de mettre sur mon site, c'est le troisième poème, signé Christine Lenoir, celui-là.
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Océane
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MessageSujet: Re: Petit polar à un euro   Petit polar à un euro EmptyMar 18 Oct à 0:41

A parler de son chien... à cette madame laigle je l'avais bien supposé !

Bonne vengeance de "tuer" virtuellement les gens qui nous ont fait du mal ! Faudrait que j'y pense..

Je viens d'aller sur ton site et je n'ai pas trouvé le poèeme que tu évoques
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